La saga Aragami a débuté en 2014, alors que le premier titre a été développé en tant que projet étudiant. Après un joli succès et près de 600 000 ventes, le studio espagnol Lince Works a donc décidé de repartir pour un tour avec ce nouvel opus sobrement intitulé Aragami 2.
Au programme, une direction artistique revue, mais aussi un gameplay largement modifié pour coller à de nouveaux impératifs, dont la possibilité de faire l’intégralité du jeu en coop et en crossplay à 3 joueurs. Excusez du peu. Nous avons donc sorti notre katana afin de voir si notre guerrier d’élite avait toujours autant la forme. Voici notre verdict.
D’un point de vue purement scénaristique, Aragami 2 n’a plus grand-chose à voir avec le premier volet, et on sent même que la narration est descendue de plusieurs crans dans l’ordre des priorités des développeurs. On incarne donc toujours un ninja qui habite cette fois la vallée de Rashomon, un lieu largement taillé pour reprendre toutes les images d’Epinal du folklore japonais. Malheureusement, les méchants de l’Akatsuchi (et pas l’Akastuki) ont décidé de faire main-basse sur ce lieu.
Après un court prologue où notre soldat se fait salement assassiner par des officiers ennemis, on se réveille au village de Kakurega. Ce lieu qui fera office de hub pour tout le reste de l’aventure est dirigé par Kurotsuba, et ce dernier ne tarde pas à nous expliquer que tous ceux qui se trouvent ici sont atteints d’une malédiction qui les rend immortels, mais qui les empêche de ressentir le moindre sentiment. Leurs visages ont d’ailleurs disparu, ce qui les oblige à porter des masques afin de se différencier. Sans spoiler grand-chose, sachez qu’on sera donc amenés à remplir moult missions dans la vallée afin de repousser les forces de l’Akatsuchi et d’aider les habitants.
Quoi qu’il en soit, 90% de l’intrigue nous sera livrée via des dialogues écrits, et les rares cinématiques ne font pas monter l’intensité, tout le monde étant masqué ou presque, ce qui permet d’économiser des frais de développement sur les animations faciales. Ils sont malins ces ibériques !
Village People
Le village de Kakurega va donc nous servir à choper nos missions sur un panneau, à se faire livrer le scénario via quelques dialogues, mais aussi à pimper notre tueur. Le dojo va ainsi nous permettre d’acquérir de nouvelles compétences. Exit le système du premier épisode qui nous forçait à chercher des items pour progresser. Désormais, selon nos performances dans les missions (on obtient une note en fonction de notre temps, de notre discrétion, et des objets bonus qu’on a récupérés comme des thunes, des collectibles, ou des blueprints) on obtiendra de l’XP qui nous fera monter de niveau. À chaque niveau on gagne un point de compétence qu’on peut ensuite aller dépenser dans un arbre afin que notre Aragami devienne une machine à tuer encore plus efficace.
Un autre personnage va nous permettre de changer la couleur de nos sapes, pour peu qu’on ait récupéré des recettes de teintures au cours de notre aventure. Enfin, la marchande va nous permettre d’acheter armes, armures et consommables, à condition d’avoir assez de thunes, et de pouvoir fournir les plans de tout cet attirail. Cela va surtout jouer sur le look de notre aragami, dans la mesure où le combat frontal est clairement déconseillé, comme on le verra plus tard. D’ailleurs, c’en est fini du hud intégré à la cape du héros. On va retrouver nos barres de vie et de stamina dans le coin de l’écran de manière tout à fait traditionnelle.
Back to basics
Visuellement, les choses ont également bien évolué, avec un éloignement du style cel-shading original. Bien qu’on n’ait jamais la rétine agressée, il faut bien avouer que le titre reste loin des standards actuels en matière de qualité visuelle. Pour autant, le jeu offre une direction artistique nettement plus japonisante qu’avant. Les niveaux sont remplis de jardins japonais, de bambous, de toriis et de lanternes, ce qui est assez agréable, bien qu’un peu cliché. Les ennemis aussi ont un style nettement plus nippon, avec des masques de samouraï et des dégaines de ronin asse léchées. Reste qu’on peut quand même tomber sur des aplats de textures un peu cradingues, et que certains éléments auraient mérité un peu plus d’investissement de la part des développeurs.
Ceci dit, on n’achète pas Aragami 2 pour se rincer l’œil (optez plutôt pour Flight Simulator à cette fin), mais pour profiter d’un gameplay infiltration à l’ancienne. Et sur ce point, on pourra difficilement se plaindre. Globalement, le titre ne propose rien de particulièrement novateur. On se planque dans les herbes hautes, on avance accroupi pour éviter la détection, et on privilégie l’ombre à la lumière afin d’éviter de se faire griller par les PNJ, tout en prenant soin de planquer les cadavres. En arrivant par derrière on pourra tuer ou assommer d’un coup les bots, sachant qu’estourbir un soldat permet d’avoir une meilleure note en fin de mission, mais attention, un collègue pourra toujours réanimer les ennemis mis KO.
Mortal Kombat
Lorsqu’on finit par être repéré, la fuite reste la meilleure option, la plupart des ennemis pouvant nous tuer en un ou deux coups. Si jamais le défi vous motive, sachez qu’un système de combat est prévu, avec attaques, parades et contres. L’objectif est de placer un coup lorsque l’ennemi est déstabilisé, ce qui permet de porter un coup critique. Sinon, il faudra jouer du déplacement et des parades pour vider la barre de stamina de notre opposant. L’exercice est particulièrement périlleux contre un soldat, et il devient carrément suicidaire face à deux ou trois. Bref, l’objectif est donc de rester invisible et de limiter les prises de risques.
Heureusement, notre aragami est plutôt bien lotti au niveau des déplacements. On va ainsi retrouver le bond des ombres du premier opus, mais dans une version revue et corrigée. Initialement cette capacité permettait de se téléporter d’une zone d’ombre à une autre. Désormais, elle permet de se téléporter sur n’importe quel point d’accroche (encadrement de fenêtre, bord de mur, toit, etc...) de manière instantanée, tant qu’on se trouve à la bonne distance.
Chaque bond va consommer un peu de notre jauge d’endurance, mais globalement, on va pouvoir user et abuser de cette feature. En sus, notre perso dispose aussi d’un double jump et d’un dash, qui consomment eux aussi notre énergie. La combinaison de ces trois mouvements permet de traverser les niveaux à une vitesse folle, ou bien d’assassiner une cible puis de s’en éloigner en quelques secondes à peine, avant que les autres gardes n’aient eu le temps de se retourner.
IA pas grand-monde
Le résultat, c’est un gameplay carrément nerveux, où la patience de l’infiltration peut sans problème laisser place à la vitesse pure. Pourquoi attendre qu’un garde continue sa ronde lorsqu’on peut le contourner en une poignée de secondes, où passer par les toits ? Bref, si vous n’êtes pas assez patients pour les jeux d’infiltration traditionnels, Aragami 2 pourrait bien être la perle que vous recherchez tant le héros peut aller vite. D’ailleurs, si on trouve encore de nombreuses herbes hautes pour ceux qui aiment jouer posément, les niveaux regorgent de promontoires et de façades sur lesquelles s’accrocher, et ainsi profiter au maximum des capacités de déplacement de notre Aragami. Cette manière de jouer est aussi permise par l’IA, qui s’avère assez basique.
Les ennemis ont un champ de vision assez proche, et ne bougeront pas d’un cil si on égorge leur pote à quelques mètres d’eux, tandis que si les troufions de base tiqueront sur un corps inanimé, les flaques de sang laissées par une exécution ne leur font ni chaud ni froid. Les soldats de l’Akatsuchi ne brillent pas non plus par leur variété, avec 5 ou 6 types différents recensés par nos soins. Le garde qui ne bouge pas, celui qui fait une ronde bien déterminée, celui qui attaque à distance avec des boules de feu, et quelques ennemis un peu plus balèzes à l’occasion, mais rien qui ne puisse demander au joueur de changer radicalement sa manière de jouer. Souvent, ces ennemis plus élaborés n’offriront de différence que lors des combats, en étant encore plus dangereux, et en ayant certains coups spéciaux.
L’infiltration en vitesse
Le problème, c’est que le jeu finit tout simplement par être redondant, avec des niveaux qui renferment parfois une cinquantaine d’ennemis qu’on zigouille de la même manière, avec la même animation à chaque fois. Au niveau des objectifs, on oscille entre l’assassinat d’un ou plusieurs PNJ, la capture d’un personnage, ou le vol d’objets divers et variés, ce qui est là aussi extrêmement redondant. De plus, Aragami 2 ne brille pas par son offre incroyable de niveaux. Au total ce sont environ une dizaine de lieux qui vont accueillir nos mission, et qu’on va donc parcourir de long en large, certaines zones étant verrouillées ou pas d’une mission à l’autre.
Ceci permet de ne pas passer toujours par le même endroit au cours de la cinquantaine de missions du jeu, mais malgré ce stratagème, on finit rapidement par connaître sur le bout des doigts le moindre recoin de ces maps. Pas terrible pour ceux qui veulent vivre une aventure, mais parfait pour les speedrunners dans l’âme qui voudront terminer chaque sortie en rang S. L’autre avantage d’Aragami 2, c’est que le jeu est intégralement jouable en coop et en crossplay jusqu’à 3 joueurs, ce qui doit diablement faciliter les choses.
Néanmoins, on n’a pas pu tester cette fonctionnalité, les serveurs de jeu étant fermés lors de notre test. Ceci dit, les titres axés action/infiltration ne sont pas nombreux à proposer une telle feature. La coop en multi doit aussi donner l’occasion de pousser encore plus loin l’aspect scoring, en essayant de faire mieux que son pote, ou en se synchronisant aux mieux afin de terminer une mission en un minimum de temps. On peut aussi imaginer qu’un joueur fasse diversion pour attirer des soldats pendant que son compère s’occupe des objectifs.